xxxxx a écrit :Farlen a écrit :Qu'est-ce qui t'agace, au juste ? Qu'il soit au RMI depuis 7 ans, "amélioré" par le RSA pare qu'il travaille épisodiquement ? Ou qu'il soit au RMI depuis 7 ans ET qu'il joue au poker.
@+ Farlen
Ni l'un ni l'autre
Juste qu'il râle parce qu'il est taxé par un système dont il profite.
Pas d'accord.
Le principe du RMI/RSA est un droit qui permet de bénéficier d'un revenu minimum si l'on n'a pas ou peu d'autre revenu.
S'agissant d'un droit, nul n'en "
profite" pour peu qu'il respecter les devoirs qui lui sont associés (déclaration des revenus épisodiques, etc.), simplement il
exerce ce droit.
Tu peux être contre ce droit, n'empêche qu'il existe.
Nombreux sont ceux qui ne se privent pas de dénoncer les abus des profiteurs. Et j'y souscrit pleinement. En revanche, ce que j'ai du mal à accepter, c'est qu'on mette tout le monde dans le même sac. Les "profiteurs" sont réellement marginaux.
(Une parenthèse pour étayer ce point : une étude menée voici quelques années à montré que, sur plus de 80 000 opérations de contrôle effectuées, seulement 0,28% de prestations indues ont été observées. Ce chiffre a pu évoluer, s'amplifier, mais même en le décuplant on se trouverait face à une fraude très marginale.)
Le droit au RMI/RSA étant acquis, vient la question qui fâche : les bénéficiaires ont-ils des devoirs quant à l'usage qu'il font de cette manne qui leur est si libéralement consentie par notre "système". En terme de droit, il me semblait que non. Chacun fait ce qu'il veut avec ce revenu minimum, il peut le claquer à acheter des billets de Loto s'il en a envie, ou aller aux putes... J'ai même connu à Grenoble un ancien Docteur en Histoire devenu clodo qui payait des verres à tous le monde pendant trois jours... puis vivotait accroché aux bon soins de chacun le reste du mois.
En fait, pour la majorité des bénéficiaires, la question ne se pose même pas : ce fameux revenu minimum est déjà insuffisant pour vivre décemment, alors de là à se payer n'importe quelle forme de loisir...
A priori, point de devoir légal, donc (mais la mésaventure de 3blind semble me donner tort, j'y reviendrai). Existe-t-il dès lors un devoir moral ? Doit-on s'offusquer que, de temps en temps, certains de ces profiteurs payent le cinéma à leurs gosses, s'envoient une bière dans le gosier ou — suprême outrage — s'achètent un bouquin une fois l'an ? Bien sûr qu'on le peut, chacun est libre de songer ce qu'il veut. Personnellement, je trouverait regrettable qu'on ampute inconsidérément ce maigre revenu pour se payer des parties de plaisir, mais trouve tout aussi normal qu'elles surviennent de temps en temps.
Mais de mon point de vue, la question n'est pas là : jamais je ne m'arrogerai le droit de critiquer l'usage que font les bénéficiaires des prestations sociales pour peu qu'ils en respectent les conditions. Je n'ai pas à fliquer les gens, ni à les juger (ce qui est différent de se forger une opinion), et surtout pas à les semoncer.
Mais revenons à la question de droit qui semble me donner tort. Nous avons donc notre ami 3blind qui a dû rembourser une part du RSA perçue parce qu'il a cash-outé une partie de sa BR.
Notons d'abord qu'il n'y a pas de notion de vases communicants : à l'extrême, il aurait pu dépenser 1 $ prélevé sur son allocation (disons au titre de loisir exceptionnel), mais les 100 $ de gain qu'il aurait reversé en retour sur son compte auraient intégralement été amputés de ladite allocation.
En guise d'explication, il lui est soutenu que ces 100$ sont considérés comme un revenu, son caractère exceptionnel n'entrant pas en ligne de compte. Et c'est précisément là que le bât blesse ! Car disons-le tout net, il y a deux poids, deux mesures.
Car nous autres qui avons la chance de ne pas bénéficier d'une allocation de ce type, n'avons nullement à déclarer nos gains, en l'occurrence aux impôts. Seul réserve : quand il s'agit de revenus réguliers qui transforment en quelque sorte ces gains en fruits d'une activité professionnelle, ou semi-professionnelle. La loi peut changer, mais pour l'heure, c'est ainsi que les choses marchent, le poker étant toujours considéré comme un jeu de hasard.
Ce qui me heurte dans l'histoire de 3blind, c'est qu'a été créé par la bande un devoir de déclaration pour les seuls bénéficiaires d'allocations, considérant de fait les gains comme un revenu, quelque soit son montant, son occasionalité, ou tout autre paramètre. Alors que ce n'est pas considéré comme un revenu pour les autres !
Plus grave encore : cela remet en question le libre usage que chacun peut/doit pouvoir faire des sommes qui lui sont allouées. Une forme de droit moral qui s'oppose à ce qu'on dilapide inconsidérément un revenu minimum octroyé par la société s'est donc semble-t-il transformé en devoir effectif des allocataires. À l'extrême, si je reprends le cas déplorable de mon ancien pote de Grenoble, il serait légitime de poster quelqu'un derrière son dos les trois premiers jours du mois pour l'empêcher de dépenser son pécule. Ce serait même un acte purement légal, de même que le gars qui a amputé le RSA de 3blind l'a fait légalement. Quitte à remettre en cause le droit d'user comme bon vous semble de votre argent — quelque soit sa provenance — autant aller jusqu'au bout...
Sincèrement, il y a quelque chose qui me préoccupe dans tout cela.
Enfin, je gardais ceci pour la fin, car ce n'est pas un "argument" de démonstration, mais un élément appréciateur dans le cas précis de 3blind. Je ne le connais pas, sauf au travers de ses (nombreux) messages, en particulier dans sa désormais fameuse rubrique de ce forum : "Le blog de 3blind".
Il n'est toujours pas dans mon intention de juger du bien-fondé de l'expression quasi systématique de ses aventures pokeristiques. Elle m'a tout de même permis de me rendre compte que, loin de "dilapider" ses fameuses allocations, il gère bien au contraire sa maigre bankroll de manière fort raisonnable et, j'ajouterai, responsable. En tout cas infiniment mieux que nombre d'entre-nous qui jonglons avec des sommes en comparaison faramineuses. Non, 3blind se réjouit d'un gain de 5,13$ ici, déplore son buy-in perdu de 2,20$ là, etc. Mais jamais il ne pète les plombs, jamais il ne tombe dans la démesure. Bref, c'est l'exemple type d'un gars qui s'adonne à un loisir à peu de frais, et qui se retrouve désormais privé des gains épisodiques qui le récompensent parfois. On me rétorquera peut-être que le temps passé devant son écran pourrait être consacré à chercher une activité. Mais encore une fois, je n'ai pas à être derrière lui pour le vérifier, je ne sais pas quelle est sa situation personnelle, etc.
Au bout du compte, les deux poids deux mesures évoqués plus hauts et la remise en cause d'une forme de liberté fondamentale me paraissent beaucoup plus graves.
@+ Farlen