Les textes philosophiques du Pére Pierrot59496
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- Pierrot59496
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Les textes philosophiques du Pére Pierrot59496
J'adore la philosophie et je ne suis pas de ceux qui pense qu'elle est reservé à une élite intellectuelle ou literaire.
J'ai donc pris la modeste initiative de vous faire partager quelques textes qui me passionent et cela en toute simplicité.
Je ne ferais ici que taper des textes qui m'ont eclairé, interessé, fais avancer...etc etc.
C'est un post que j'ai experimenté chez poker 62 et que j'aimerais develloper ici.
Je suis curieux de voir toutes vos réactions.
Je peux déja entrevoir certaines réponses à ce post donc moquerie, mépris ou blagues désobligeante passez votre chemin. (ou alors soyez vraiment marrant ! )
Donc amis pokeriens, maintenant place à la lecture.
J'ai donc pris la modeste initiative de vous faire partager quelques textes qui me passionent et cela en toute simplicité.
Je ne ferais ici que taper des textes qui m'ont eclairé, interessé, fais avancer...etc etc.
C'est un post que j'ai experimenté chez poker 62 et que j'aimerais develloper ici.
Je suis curieux de voir toutes vos réactions.
Je peux déja entrevoir certaines réponses à ce post donc moquerie, mépris ou blagues désobligeante passez votre chemin. (ou alors soyez vraiment marrant ! )
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Je ne joue que A A sauf quand j'ai 7 2...!
- Pierrot59496
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Les Vertus par Alain.
Quand un homme doute au sujet de ses propres entreprises, il craint toujours 3 choses ensemble, les autres hommes, la nécessité exterieur, et lui-même. Or, c'est de lui même qu'il doit s'assurer d'abord ; car, qui doute s'il sautera le fossé, par ce seul doute il y tombe.
Vouloir sans croire que l'on saura vouloir, sans se faire à soi-même un grand serment, sans prendre, comme dit Descartes, la résolution de ne jamais manquer de libre arbitre, ce n'est point vouloir.
Qui se prévoit lui-même faible et inconstant, il l'est déja. C'est se battre en vaincu. Quand on voit qu'un homme qui entreprend quelque chose doute déja de réussir avant d'avoir essayé, on dit qu'il n'a pas la foi.
Ainsi l'usage commun nous rappel que la foi habite aussi cette terre, et que le plus humble travail l'emferme toute. Encore plus sublime sans promesse ; au fond, toujours sans promesse.
Car le parti de croire en soi n'emferme pas que tous les chemins s'ouvriront par la foi ; mais il est sûre seulement que tous les chemins seront fermés et que tous les bonheurs retranchés si vous n'avez pas d'abord la foi [...] Ainsi la premiere vertu est la fois.
La suite au prochaine episode.
Ps : Par foi on n'entend pas ici la foi religieuse.
Quand un homme doute au sujet de ses propres entreprises, il craint toujours 3 choses ensemble, les autres hommes, la nécessité exterieur, et lui-même. Or, c'est de lui même qu'il doit s'assurer d'abord ; car, qui doute s'il sautera le fossé, par ce seul doute il y tombe.
Vouloir sans croire que l'on saura vouloir, sans se faire à soi-même un grand serment, sans prendre, comme dit Descartes, la résolution de ne jamais manquer de libre arbitre, ce n'est point vouloir.
Qui se prévoit lui-même faible et inconstant, il l'est déja. C'est se battre en vaincu. Quand on voit qu'un homme qui entreprend quelque chose doute déja de réussir avant d'avoir essayé, on dit qu'il n'a pas la foi.
Ainsi l'usage commun nous rappel que la foi habite aussi cette terre, et que le plus humble travail l'emferme toute. Encore plus sublime sans promesse ; au fond, toujours sans promesse.
Car le parti de croire en soi n'emferme pas que tous les chemins s'ouvriront par la foi ; mais il est sûre seulement que tous les chemins seront fermés et que tous les bonheurs retranchés si vous n'avez pas d'abord la foi [...] Ainsi la premiere vertu est la fois.
La suite au prochaine episode.
Ps : Par foi on n'entend pas ici la foi religieuse.
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- Pierrot59496
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backtattoo a écrit :Très bonne initiative Pierrot!!
Il y avait le coin des matheux, des footeux, des 62, welcome au coin de la philosophie
Merci beaucoup.
J'etais un peu réticent à l'idée de claquer de la philosophie sur ce type de forum mais la culture semble avoir sa place ici quand j'observe les differents posts et les belles plumes de Farlen et G-rempok (et j'en passe).
Enfin ne nous méprenons pas, je ne fais ici que vous restituez des textes qui m'ont plu à une époque ou me plaisent encore.
Je mettrais ce post à jour au fil des jours et des semaines pour essayer de vous proposer des textes philosophiques divers et variés.
Je ne joue que A A sauf quand j'ai 7 2...!
- Pierrot59496
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Le Symbolisme comme Philosophie
Si "philosopher, c'est réfléchir sur toutes les activités humaines", si la philosophie est l'amour et la recherche de la sagesse, si, comme l'écrivait Descartes "c'est proprement avoir les yeux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir que de vivre sans philosopher...", si "l'objet de la philosophie n'est pas limité", si "c'est l'esprit même que la philosophie cherche à retrouver", si "philosopher c'est apprendre à mourir", si c'est l'Univers que la philosophie cherche à comprendre, alors le Symbolisme permet d'atteindre aux même buts que la philosophie.
En effet, les principales questions que pose la philosophie et dont l'étude nécessite une profonde réflexion appuyée sur une vaste culture, sont les mêmes auxquelles le Symbolisme apporte des réponses.
Mais au contraire de la philosophie qui n'est généralement accessible qu'à des spécialistes dont le langage est incompréhensible au plus grand nombre, le Symbolisme peut être perçu avec beaucoup moins d'efforts. Ou plus précisément les efforts nécessités sont d'un tout autre ordre.
Alors que l'étude de la philosophie est un acte intellectuel qui nécessite concentration, mémoire, réflexion, pour comprendre en particulier les différents systèmes proposés par les uns et les autres, le Symbolisme s'adresse avant tout au ressenti de l'individu.
Pour percevoir le Symbolisme, c'est du cœur même qu'il faut partir, de son propre cœur, des sensations immédiates, instinctives que chacun porte en soi. Nul besoin d'avoir longuement étudié les grands auteurs, les grands philosophes, chaque homme est à la fois son propre modèle, son propre maître et son propre terreau.
En cela, le Symbolisme est même un état d'esprit. C'est une manière de regarder l'univers, de considérer les causes, d'analyser les buts.
Et comme le Symbolisme ne choisit aucunement entre ces deux extrêmes que sont le matérialisme athée et le fanatisme dévot, qu'il ne se situe pas plus sur un point intermédiaire quelconque, c'est peut-être qu'il en est la synthèse, le point Oméga.
Puisque le Symbolisme est constitué d'images, imaginons de placer sur des points quelconques d'un cône les différentes thèses, les différents systèmes, les différentes propositions de tous les philosophes connus et inconnus : alors le Symbolisme en est le sommet.
Il les englobe, les éclaire, les surmonte tous et en définitive les transcende.
Le Symbolisme comme système de pensée est la fusion des oppositions au sein de l'unité. Il est le centre du triangle, le point de confluence des bissectrices et des médianes. Il peut constituer le cœur de la raison humaine.
D'autant que, à l'inverse de la philosophie, le Symbolisme ne contient et ne cherche à définir nulle morale.
La morale en effet est œuvre humaine.
Elle varie d'un lieu ou d'un temps à l'autre ; elle s'appuie sur des valeurs parfois opposées, sur des notions contraires, parfois contradictoires et souvent discutables et discutées, telles par exemple que le bien et le mal.
Or en Symbolisme, le bien et le mal ne sont que deux aspects d'un état d'être, comme reflétés par un miroir et l'un ne peut exister sans l'autre. Ils ont donc la même importance et l'on ne peut condamner l'un et louer l'autre sans sortir de l'absolu pour entrer dans le relatif.
Et quelle force, quelle portée peut-on reconnaître à ce qui est relatif ? "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà" nous a dit Pascal. Comment, s'il en est ainsi, s'appuyer sur le roc pour construire sa vie, pour chercher sa voie? Comment faire agir pour cela le levier si efficace de la liberté de penser, d'agir, de choisir?
Or la liberté n'existe qu'avec la prise de conscience. Agir sans réflexion, sans savoir où l'on va, ce n'est pas être libre, même si aucun frein apparent n'intervient. C'est être errant!
Il ne suffit pas, pour être libre, de parler et d'agir à sa guise, il ne suffit pas que la loi, la société, les autres hommes respectent l'individu et assurent son indépendance ; il faut, pour être libre, savoir pourquoi l'on agit, dans quelle direction l'on se dirige, quel but on poursuit. Toute autre forme de liberté n'est qu'apparente, illusoire, superficielle.
Par contre, aussi paradoxal que cela puisse paraître pour qui n'est pas familiarisé avec ces notions, s'il n'y a pas de morale en Symbolisme, au moins au troisième niveau de lecture, le Symbolisme peut être, pour qui sait le percevoir, la meilleure école de morale. Mais une école sans professeurs, sans manuels, sans leçons, puisque le Symbolisme permet à chacun d'intégrer pour ainsi dire instinctivement les valeurs éternelles qui fondent cette morale universelle et absolue. Et cela parce que la morale n'est plus alors que la conséquence de l'enseignement transmis par le Symbolisme.
La règle fondamentale qui sous-tend et fonde toute morale - au moins idéalement - est la même pour tous les hommes, qu'ils la respectent ou non : ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse! C'est la condition nécessaire - et peut-être suffisante, qui sait? - pour que règne un commencement d'harmonie entre les hommes.
Pourtant trop d'êtres humains ne ressentent pas la nécessité de respecter cette loi fondamentale et de l'appliquer au quotidien. Peut-être est-ce la conséquence, entre autres causes, d'une absence de formation et de réflexion sur la réciprocité des attitudes et l'inévitable effet de retour de chacun de nos actes?
Or le Symbolisme - au sens que je lui donne ici d'ensemble des Symboles naturels - impose cette perception comme une évidence. En ce sens il joue le même rôle que la morale telle qu'elle est exprimée par la philosophie, mais sans en avoir cet aspect réglementaire qui peut paraître artificiel à certains.
Pourquoi? Comment?
Cela est difficile à exprimer et nécessite la perception plus que la réflexion.
Ce que je peux tenter d'indiquer malgré tout n'est qu'une faible expression de cette sensation forte et profonde.
Plus l'être humain pénètre en profondeur la perception des Symboles, plus il prend conscience de faire intimement partie de l'Univers, et non d'en être une pièce rapportée. L'un des messages porté par les Symboles et offert à la perception de l'Homme est en effet celui de l'unité de l'Univers et donc du lien profond qui unit tous ses éléments constitutifs. Ainsi s'impose l'idée que l'autre - mot terrible, effrayant pour beaucoup - est non pas différent mais semblable en son essence, en sa nature. En cela l'étude du Symbolisme est une école de tolérance, puisque qu'elle mène naturellement, quasi instinctivement, à cette évidence de la nécessité du respect d'autrui.
L'apprentissage de la réflexion, à un niveau différent du quotidien utilitaire, se fait, entre autres, à travers la philosophie, sa fréquentation, son étude.
Mais les êtres humains ne sont pas tous attirés par cette étude. Souvent la philosophie prend un aspect aride, difficilement compréhensible. Soit que les idées développées, les concepts exposés aient un caractère trop subtil, soit que le langage utilisé paraisse trop obscur, trop technique, trop élitiste - au sens péjoratif du terme.
Avec le langage courant, avec les mots de tous les jours, il est sans doute difficile d'exprimer simplement, clairement, des idées complexes, peut-être même cela est-il impossible. Voilà où le Symbolisme peut intervenir utilement en abolissant les barrières qui bloquent la compréhension, en mettant au niveau le plus simple, le plus aisé, les développements les plus complexes, les concepts les plus abstraits.
Cependant la formation reçue dans nos contrées, basée sur la logique, trop cartésienne, trop appuyée sur la raison, sur le raisonnement, sur la démonstration, ne nous prépare pas à l'usage des Symboles. Le Symbolisme suppose, pour être assimilé, compris, utilisé, une forme d'esprit opposée à celle de la majorité des occidentaux.
Cela suppose d'admettre que le monde visible, quantifiable, n'est pas seul à exister ; que l'on peut sentir ce que l'on ne peut analyser.
Les apparences sont trompeuses. On perçoit parfois ce qui n'est pas. On est sourd et aveugle à ce qui est. La raison l'emporte trop souvent sur le cœur, le Savoir sur la Connaissance. Or il est fondamental de bien comprendre et donc de bien intégrer la différence entre Savoir et Connaissance.
Vivre, ce n'est pas seulement manger, dormir, travailler, agir, etc. Vivre, c'est aussi ressentir, c'est tenter d'entrer en communion avec le cosmos, avec l'Univers.
Or, l'Univers crie vers nous, et nous ne l'entendons pas.
L'homme a tenté de s'élever au-dessus de sa condition animale par deux voies différentes.
D'une part celle de la science, pure ou appliquée à travers les techniques. Malgré ses insuffisances, elle est incontestablement positive, et grâce à elle, l'humanité a progressé vers un plus grand bien être. Bien être qu'il ne faut pas confondre avec le bonheur, lequel est un tout autre problème, comme je l'ai dit.
D'autre part, celle de la religion. Quelques grandes religions dominent le monde : le judaïsme, le christianisme, l'islam, l'hindouisme, le taoïsme, et bien d'autres, parmi lesquelles il est peut-être possible de ranger le bouddhisme et l'athéisme. Certaines sont proches de la philosophie, certaines de la superstition, la plupart se situent entre ces deux extrêmes. A peu près aucune, me semble-t-il, n'a su apporter à l'Homme à la fois le bonheur, la liberté et l'épanouissement intérieur. Je crois que cela tient plus au cadre qu'elles imposent qu'aux idées qu'elles véhiculent.
Si l'on me dit comment croire, comment prier, comment penser, où puis-je trouver l'équilibre et l'épanouissement? La liberté est atteinte, restreinte, détruite.
Le Symbolisme, au contraire, n'impose rien, aucun cadre formel, aucune récitation, aucun credo. Il propose des points de repère, des bases de réflexion, de méditation. Il donne des indications, pas des ordres. Il suggère sans imposer. Il dessine des contours, esquisse des silhouettes, mais chacun reste libre de les achever à son idée et de les utiliser à sa guise.
Le Symbolisme n'est ni une science, ni une religion. C'est une forme de pensée originale, indépendante, parallèle. Il ne se situe à aucun endroit connu des systèmes occidentaux classiques. Peut-il même se situer quelque part?
Le Symbolisme, comme l'univers, est infini. Il n'a ni commencement ni fin, ni centre ni contours, il est rebelle à toute analyse, à toute explication.
"L'Univers est un tout cohérent, un immense corps qui tombe malade si une seule de ses cellules est défaillante."
Cette idée résume la vision des anciens égyptiens.
Cette vision a été perdue, oubliée ; aujourd'hui nul homme - ou presque - ne se préoccupe des conséquences de ses actes ou de ses paroles sur l'Univers.
Or cela est fondamental.
Le Symbolisme nous rappelle - nous enseigne le cas échéant - que l'Homme, l'individu, est partie intégrante de l'Univers, il en est l'une des cellules de même que son propre corps est constitué de cellules.
Tout est dans tout et réciproquement, la boutade est moins absurde qu'il n'y parait.
L'homme est comptable de son attitude face à l'Univers. Mais il ne peut prendre conscience de ce fait et des actions qu'il suppose que par l'acquisition du savoir et l'intégration de la connaissance.
Ce qui lui permettra d'ailleurs de s'apercevoir qu'il est comptable vis à vis de lui-même et de personne d'autre.
F-D-Tournier
Si "philosopher, c'est réfléchir sur toutes les activités humaines", si la philosophie est l'amour et la recherche de la sagesse, si, comme l'écrivait Descartes "c'est proprement avoir les yeux fermés sans tâcher jamais de les ouvrir que de vivre sans philosopher...", si "l'objet de la philosophie n'est pas limité", si "c'est l'esprit même que la philosophie cherche à retrouver", si "philosopher c'est apprendre à mourir", si c'est l'Univers que la philosophie cherche à comprendre, alors le Symbolisme permet d'atteindre aux même buts que la philosophie.
En effet, les principales questions que pose la philosophie et dont l'étude nécessite une profonde réflexion appuyée sur une vaste culture, sont les mêmes auxquelles le Symbolisme apporte des réponses.
Mais au contraire de la philosophie qui n'est généralement accessible qu'à des spécialistes dont le langage est incompréhensible au plus grand nombre, le Symbolisme peut être perçu avec beaucoup moins d'efforts. Ou plus précisément les efforts nécessités sont d'un tout autre ordre.
Alors que l'étude de la philosophie est un acte intellectuel qui nécessite concentration, mémoire, réflexion, pour comprendre en particulier les différents systèmes proposés par les uns et les autres, le Symbolisme s'adresse avant tout au ressenti de l'individu.
Pour percevoir le Symbolisme, c'est du cœur même qu'il faut partir, de son propre cœur, des sensations immédiates, instinctives que chacun porte en soi. Nul besoin d'avoir longuement étudié les grands auteurs, les grands philosophes, chaque homme est à la fois son propre modèle, son propre maître et son propre terreau.
En cela, le Symbolisme est même un état d'esprit. C'est une manière de regarder l'univers, de considérer les causes, d'analyser les buts.
Et comme le Symbolisme ne choisit aucunement entre ces deux extrêmes que sont le matérialisme athée et le fanatisme dévot, qu'il ne se situe pas plus sur un point intermédiaire quelconque, c'est peut-être qu'il en est la synthèse, le point Oméga.
Puisque le Symbolisme est constitué d'images, imaginons de placer sur des points quelconques d'un cône les différentes thèses, les différents systèmes, les différentes propositions de tous les philosophes connus et inconnus : alors le Symbolisme en est le sommet.
Il les englobe, les éclaire, les surmonte tous et en définitive les transcende.
Le Symbolisme comme système de pensée est la fusion des oppositions au sein de l'unité. Il est le centre du triangle, le point de confluence des bissectrices et des médianes. Il peut constituer le cœur de la raison humaine.
D'autant que, à l'inverse de la philosophie, le Symbolisme ne contient et ne cherche à définir nulle morale.
La morale en effet est œuvre humaine.
Elle varie d'un lieu ou d'un temps à l'autre ; elle s'appuie sur des valeurs parfois opposées, sur des notions contraires, parfois contradictoires et souvent discutables et discutées, telles par exemple que le bien et le mal.
Or en Symbolisme, le bien et le mal ne sont que deux aspects d'un état d'être, comme reflétés par un miroir et l'un ne peut exister sans l'autre. Ils ont donc la même importance et l'on ne peut condamner l'un et louer l'autre sans sortir de l'absolu pour entrer dans le relatif.
Et quelle force, quelle portée peut-on reconnaître à ce qui est relatif ? "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà" nous a dit Pascal. Comment, s'il en est ainsi, s'appuyer sur le roc pour construire sa vie, pour chercher sa voie? Comment faire agir pour cela le levier si efficace de la liberté de penser, d'agir, de choisir?
Or la liberté n'existe qu'avec la prise de conscience. Agir sans réflexion, sans savoir où l'on va, ce n'est pas être libre, même si aucun frein apparent n'intervient. C'est être errant!
Il ne suffit pas, pour être libre, de parler et d'agir à sa guise, il ne suffit pas que la loi, la société, les autres hommes respectent l'individu et assurent son indépendance ; il faut, pour être libre, savoir pourquoi l'on agit, dans quelle direction l'on se dirige, quel but on poursuit. Toute autre forme de liberté n'est qu'apparente, illusoire, superficielle.
Par contre, aussi paradoxal que cela puisse paraître pour qui n'est pas familiarisé avec ces notions, s'il n'y a pas de morale en Symbolisme, au moins au troisième niveau de lecture, le Symbolisme peut être, pour qui sait le percevoir, la meilleure école de morale. Mais une école sans professeurs, sans manuels, sans leçons, puisque le Symbolisme permet à chacun d'intégrer pour ainsi dire instinctivement les valeurs éternelles qui fondent cette morale universelle et absolue. Et cela parce que la morale n'est plus alors que la conséquence de l'enseignement transmis par le Symbolisme.
La règle fondamentale qui sous-tend et fonde toute morale - au moins idéalement - est la même pour tous les hommes, qu'ils la respectent ou non : ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse! C'est la condition nécessaire - et peut-être suffisante, qui sait? - pour que règne un commencement d'harmonie entre les hommes.
Pourtant trop d'êtres humains ne ressentent pas la nécessité de respecter cette loi fondamentale et de l'appliquer au quotidien. Peut-être est-ce la conséquence, entre autres causes, d'une absence de formation et de réflexion sur la réciprocité des attitudes et l'inévitable effet de retour de chacun de nos actes?
Or le Symbolisme - au sens que je lui donne ici d'ensemble des Symboles naturels - impose cette perception comme une évidence. En ce sens il joue le même rôle que la morale telle qu'elle est exprimée par la philosophie, mais sans en avoir cet aspect réglementaire qui peut paraître artificiel à certains.
Pourquoi? Comment?
Cela est difficile à exprimer et nécessite la perception plus que la réflexion.
Ce que je peux tenter d'indiquer malgré tout n'est qu'une faible expression de cette sensation forte et profonde.
Plus l'être humain pénètre en profondeur la perception des Symboles, plus il prend conscience de faire intimement partie de l'Univers, et non d'en être une pièce rapportée. L'un des messages porté par les Symboles et offert à la perception de l'Homme est en effet celui de l'unité de l'Univers et donc du lien profond qui unit tous ses éléments constitutifs. Ainsi s'impose l'idée que l'autre - mot terrible, effrayant pour beaucoup - est non pas différent mais semblable en son essence, en sa nature. En cela l'étude du Symbolisme est une école de tolérance, puisque qu'elle mène naturellement, quasi instinctivement, à cette évidence de la nécessité du respect d'autrui.
L'apprentissage de la réflexion, à un niveau différent du quotidien utilitaire, se fait, entre autres, à travers la philosophie, sa fréquentation, son étude.
Mais les êtres humains ne sont pas tous attirés par cette étude. Souvent la philosophie prend un aspect aride, difficilement compréhensible. Soit que les idées développées, les concepts exposés aient un caractère trop subtil, soit que le langage utilisé paraisse trop obscur, trop technique, trop élitiste - au sens péjoratif du terme.
Avec le langage courant, avec les mots de tous les jours, il est sans doute difficile d'exprimer simplement, clairement, des idées complexes, peut-être même cela est-il impossible. Voilà où le Symbolisme peut intervenir utilement en abolissant les barrières qui bloquent la compréhension, en mettant au niveau le plus simple, le plus aisé, les développements les plus complexes, les concepts les plus abstraits.
Cependant la formation reçue dans nos contrées, basée sur la logique, trop cartésienne, trop appuyée sur la raison, sur le raisonnement, sur la démonstration, ne nous prépare pas à l'usage des Symboles. Le Symbolisme suppose, pour être assimilé, compris, utilisé, une forme d'esprit opposée à celle de la majorité des occidentaux.
Cela suppose d'admettre que le monde visible, quantifiable, n'est pas seul à exister ; que l'on peut sentir ce que l'on ne peut analyser.
Les apparences sont trompeuses. On perçoit parfois ce qui n'est pas. On est sourd et aveugle à ce qui est. La raison l'emporte trop souvent sur le cœur, le Savoir sur la Connaissance. Or il est fondamental de bien comprendre et donc de bien intégrer la différence entre Savoir et Connaissance.
Vivre, ce n'est pas seulement manger, dormir, travailler, agir, etc. Vivre, c'est aussi ressentir, c'est tenter d'entrer en communion avec le cosmos, avec l'Univers.
Or, l'Univers crie vers nous, et nous ne l'entendons pas.
L'homme a tenté de s'élever au-dessus de sa condition animale par deux voies différentes.
D'une part celle de la science, pure ou appliquée à travers les techniques. Malgré ses insuffisances, elle est incontestablement positive, et grâce à elle, l'humanité a progressé vers un plus grand bien être. Bien être qu'il ne faut pas confondre avec le bonheur, lequel est un tout autre problème, comme je l'ai dit.
D'autre part, celle de la religion. Quelques grandes religions dominent le monde : le judaïsme, le christianisme, l'islam, l'hindouisme, le taoïsme, et bien d'autres, parmi lesquelles il est peut-être possible de ranger le bouddhisme et l'athéisme. Certaines sont proches de la philosophie, certaines de la superstition, la plupart se situent entre ces deux extrêmes. A peu près aucune, me semble-t-il, n'a su apporter à l'Homme à la fois le bonheur, la liberté et l'épanouissement intérieur. Je crois que cela tient plus au cadre qu'elles imposent qu'aux idées qu'elles véhiculent.
Si l'on me dit comment croire, comment prier, comment penser, où puis-je trouver l'équilibre et l'épanouissement? La liberté est atteinte, restreinte, détruite.
Le Symbolisme, au contraire, n'impose rien, aucun cadre formel, aucune récitation, aucun credo. Il propose des points de repère, des bases de réflexion, de méditation. Il donne des indications, pas des ordres. Il suggère sans imposer. Il dessine des contours, esquisse des silhouettes, mais chacun reste libre de les achever à son idée et de les utiliser à sa guise.
Le Symbolisme n'est ni une science, ni une religion. C'est une forme de pensée originale, indépendante, parallèle. Il ne se situe à aucun endroit connu des systèmes occidentaux classiques. Peut-il même se situer quelque part?
Le Symbolisme, comme l'univers, est infini. Il n'a ni commencement ni fin, ni centre ni contours, il est rebelle à toute analyse, à toute explication.
"L'Univers est un tout cohérent, un immense corps qui tombe malade si une seule de ses cellules est défaillante."
Cette idée résume la vision des anciens égyptiens.
Cette vision a été perdue, oubliée ; aujourd'hui nul homme - ou presque - ne se préoccupe des conséquences de ses actes ou de ses paroles sur l'Univers.
Or cela est fondamental.
Le Symbolisme nous rappelle - nous enseigne le cas échéant - que l'Homme, l'individu, est partie intégrante de l'Univers, il en est l'une des cellules de même que son propre corps est constitué de cellules.
Tout est dans tout et réciproquement, la boutade est moins absurde qu'il n'y parait.
L'homme est comptable de son attitude face à l'Univers. Mais il ne peut prendre conscience de ce fait et des actions qu'il suppose que par l'acquisition du savoir et l'intégration de la connaissance.
Ce qui lui permettra d'ailleurs de s'apercevoir qu'il est comptable vis à vis de lui-même et de personne d'autre.
F-D-Tournier
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- Pierrot59496
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Pierrot59496 a écrit :Les Vertus par Alain.
Quand un homme doute au sujet de ses propres entreprises, il craint toujours 3 choses ensemble, les autres hommes, la nécessité exterieur, et lui-même. Or, c'est de lui même qu'il doit s'assurer d'abord ; car, qui doute s'il sautera le fossé, par ce seul doute il y tombe.
Vouloir sans croire que l'on saura vouloir, sans se faire à soi-même un grand serment, sans prendre, comme dit Descartes, la résolution de ne jamais manquer de libre arbitre, ce n'est point vouloir.
Qui se prévoit lui-même faible et inconstant, il l'est déja. C'est se battre en vaincu. Quand on voit qu'un homme qui entreprend quelque chose doute déja de réussir avant d'avoir essayé, on dit qu'il n'a pas la foi.
Ainsi l'usage commun nous rappel que la foi habite aussi cette terre, et que le plus humble travail l'emferme toute. Encore plus sublime sans promesse ; au fond, toujours sans promesse.
Car le parti de croire en soi n'emferme pas que tous les chemins s'ouvriront par la foi ; mais il est sûre seulement que tous les chemins seront fermés et que tous les bonheurs retranchés si vous n'avez pas d'abord la foi [...] Ainsi la premiere vertu est la fois.
La suite au prochaine episode.
Ps : Par foi on n'entend pas ici la foi religieuse.
Les Vertus par Alain (suite)
La foi ne peut aller sans l'espérance. Quand les grimpeurs observent de loin la montagne, tout est obstacle ; c'est en avançant qu'ils trouvent des passages.
Mais il n'avanceraient point s'ils n'espéraient de leur propre foi [...]. Essayer avec l'idée que la route est barrée, ce n'est pas essayer. Décider d'avance que les choses feront obstacle au vouloir, ce n'est pas vouloir.
Aussi voit-on que les inventeurs, explorateurs, réformateurs sont des hommes qui ne croient pas à ce barrage imaginaire que fait la montagne au loin ; mais plutôt ils ont le sentiment juste, et finalement vérifié, mais seulement pour ceux qui osent, que la variété des choses, qui est indifférente, n'est ni pour nous ni contre nous, d'où vient que l'on trouve toujours occasion et place pour le pied.
Et cette vertu d'essayer aussitôt et devant soi, est bien l'espérance.
La suite au prochain épisode.
Je ne joue que A A sauf quand j'ai 7 2...!
Satisfaire ses désirs, est-ce le bonheur ? (Texte de Schopenhauer)
Il va de soi qu’un être insatisfait est malheureux, du moins qu’il n’est pas pleinement heureux. Est-ce à dire que l’être satisfait le soit ? Ce n’est pas sûr. Car si la satisfaction met fin à la privation qui suscite le désir, du même coup elle met fin au plaisir lié à son assouvissement. Le paradoxe de la satisfaction, c’est qu’elle supprime à la fois la souffrance et la jouissance. En satisfaisant le désir, on perd plutôt qu’on ne gagne. Le manque est donc un état positif et la satisfaction un état négatif : si l’obscurité n’est que privation de lumière, l’analogue de l’obscurité ce n’est pas la privation liée au désir, mais la satiété qui suit son assouvissement. Car être satisfait, c’est être privé, de désir, d’activité. Au commencement (au principe) est la souffrance de l’être désirant.
Il va de soi qu’un être insatisfait est malheureux, du moins qu’il n’est pas pleinement heureux. Est-ce à dire que l’être satisfait le soit ? Ce n’est pas sûr. Car si la satisfaction met fin à la privation qui suscite le désir, du même coup elle met fin au plaisir lié à son assouvissement. Le paradoxe de la satisfaction, c’est qu’elle supprime à la fois la souffrance et la jouissance. En satisfaisant le désir, on perd plutôt qu’on ne gagne. Le manque est donc un état positif et la satisfaction un état négatif : si l’obscurité n’est que privation de lumière, l’analogue de l’obscurité ce n’est pas la privation liée au désir, mais la satiété qui suit son assouvissement. Car être satisfait, c’est être privé, de désir, d’activité. Au commencement (au principe) est la souffrance de l’être désirant.
La malhonnêteté est un vilain défaut ! Qu'il faut combattre vaillamment, au risque de s'enerver un peu !
- Pierrot59496
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hubertoz a écrit :Satisfaire ses désirs, est-ce le bonheur ? (Texte de Schopenhauer)
Il va de soi qu’un être insatisfait est malheureux, du moins qu’il n’est pas pleinement heureux. Est-ce à dire que l’être satisfait le soit ? Ce n’est pas sûr. Car si la satisfaction met fin à la privation qui suscite le désir, du même coup elle met fin au plaisir lié à son assouvissement. Le paradoxe de la satisfaction, c’est qu’elle supprime à la fois la souffrance et la jouissance. En satisfaisant le désir, on perd plutôt qu’on ne gagne. Le manque est donc un état positif et la satisfaction un état négatif : si l’obscurité n’est que privation de lumière, l’analogue de l’obscurité ce n’est pas la privation liée au désir, mais la satiété qui suit son assouvissement. Car être satisfait, c’est être privé, de désir, d’activité. Au commencement (au principe) est la souffrance de l’être désirant.
J'aime beaucoup.
Je ne joue que A A sauf quand j'ai 7 2...!
- Pierrot59496
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Pierrot59496 a écrit :Pierrot59496 a écrit :Les Vertus par Alain.
Quand un homme doute au sujet de ses propres entreprises, il craint toujours 3 choses ensemble, les autres hommes, la nécessité exterieur, et lui-même. Or, c'est de lui même qu'il doit s'assurer d'abord ; car, qui doute s'il sautera le fossé, par ce seul doute il y tombe.
Vouloir sans croire que l'on saura vouloir, sans se faire à soi-même un grand serment, sans prendre, comme dit Descartes, la résolution de ne jamais manquer de libre arbitre, ce n'est point vouloir.
Qui se prévoit lui-même faible et inconstant, il l'est déja. C'est se battre en vaincu. Quand on voit qu'un homme qui entreprend quelque chose doute déja de réussir avant d'avoir essayé, on dit qu'il n'a pas la foi.
Ainsi l'usage commun nous rappel que la foi habite aussi cette terre, et que le plus humble travail l'emferme toute. Encore plus sublime sans promesse ; au fond, toujours sans promesse.
Car le parti de croire en soi n'emferme pas que tous les chemins s'ouvriront par la foi ; mais il est sûre seulement que tous les chemins seront fermés et que tous les bonheurs retranchés si vous n'avez pas d'abord la foi [...] Ainsi la premiere vertu est la fois.
La suite au prochaine episode.
Ps : Par foi on n'entend pas ici la foi religieuse.
Les Vertus par Alain (suite)
La foi ne peut aller sans l'espérance. Quand les grimpeurs observent de loin la montagne, tout est obstacle ; c'est en avançant qu'ils trouvent des passages.
Mais il n'avanceraient point s'ils n'espéraient de leur propre foi [...]. Essayer avec l'idée que la route est barrée, ce n'est pas essayer. Décider d'avance que les choses feront obstacle au vouloir, ce n'est pas vouloir.
Aussi voit-on que les inventeurs, explorateurs, réformateurs sont des hommes qui ne croient pas à ce barrage imaginaire que fait la montagne au loin ; mais plutôt ils ont le sentiment juste, et finalement vérifié, mais seulement pour ceux qui osent, que la variété des choses, qui est indifférente, n'est ni pour nous ni contre nous, d'où vient que l'on trouve toujours occasion et place pour le pied.
Et cette vertu d'essayer aussitôt et devant soi, est bien l'espérance.
La suite au prochain épisode.
Les Vertus par Alain (suite et fin)
Les hommes sont toujours dans le jeu. Que peut-on au monde sans la foi et l'espérance des autres ? Or, souvent les hommes sont presque tout l'obstacle, et même tout. Par exemple la paix et la justice dépendent des hommes seulement. Mais aussi la misanthropie tue l'espérance et même la foi.
En effet, si je crois que les hommes sont ignorants, paresseux, malveillants, et sans remède, que puis-je tenter ?
Tenterais-je seulement d'instruire un enfant si je le crois stupide et frivole ?
La haine est clairvoyante en ce sens qu'elle fait être ce qu'elle suppose, car ignorance, injustice, haine lui répondent aussitôt.
L'amour trouvera toujours moins de preuves ; car il n'est point promis qu'il suffise de vouloir l'autre attentif, bienveillant, généreux pour qu'il le soit.
Toutefois, par cela même, il est clair qu'il faut choisir d'aimer, et de jurer, et de ne jamais céder là, étant évident que la plus forte résistance, ici, ne peut être vaincue que par la promesse la plus généreuse.
Fin de cette extrait de Les idées et les Ages aux éditions Gallimard
La suite au prochain post avec un autre théme.
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