Film : Amen
Publié : Vendredi 20 Mars 2009 05:09
AMEN
Voici un film de Costa Gavras qui pose la question du role de l'eglise durant la seconde guerre mondiale et surtout son silence face à la connaissance de la "solution finale"
Synopsis :
Dans l'Allemagne nazie. Chrétien protestant, bon mari et bon père de famille Kurt Gerstein est recruté pour ses talents de chimiste par les SS, qui le chargent de combattre la vermine et les épidémies de typhus. Il s'acquitte au mieux de sa tâche, supervisant avec zèle la production de gaz Zyklon B. Ce qui ne l'empêche pas de s'émouvoir auprès du nonce de Berlin de l'euthanasie des pensionnaires des asiles. Il fait à l'occasion la connaissance d'un jeune jésuite, Riccardo Fontana, secrétaire du nonce. Un jour, lors d'une tournée d'inspection dans ce qu'il croit être un camp de travail, Gerstein découvre l'innommable : le Zyklon B est l'instrument de la «solution finale» et des milliers de juifs ont déjà été gazés...
Le casting de Amen
Réalisé par :
Costa-Gavras
Scénario de :
Costa-Gavras
Jean-Claude Grumberg
Rolf Hochhuth
Comédiens :
Ulrich Tukur ........................................ Kurt Gerstein
Mathieu Kassovitz ........................................ Riccardo Fontana
Ulrich Mühe ........................................ Docteur
Michel Duchaussoy ........................................ Cardinal
Marcel Iures ........................................ Pape
Ion Caramitru ........................................ Conte Fontana
Friedrich von Thun ........................................ Père de Gerstein
Antje Schmidt ........................................ Mrs. Gerstein
Hanns Zischler ........................................ Grawitz
Sebastian Koch ........................................ Höss
Erich Hallhuber ........................................ Von Rutta
Burkhard Heyl ........................................ Directeur
Angus MacInnes ........................................ Tittman
Bernd Fischerauer ........................................ Bishop Von Gallen
Pierre Franckh ........................................ Pasteur Wehr
Le personnage historique de Kurt Gerstein
Le personnage principal, Kurt Gerstein, interprété par Ulrich Tukur a réellement existé. Ingénieur et médecin évangéliste, il s'oppose aux Nazis dès 1933 bien qu'il ait adhéré au Parti National Socialiste pour des raisons professionnelles. Arrêté deux fois et interné dans un camp de concentration en 1938, il décide de rejoindre les rangs des SS en mars 1941. Grâce à ses compétences techniques et scientifiques, il occupe un poste à l'institut d'hygiène de la Waffen SS et combat efficacement le typhus. Il est nommé Obersturmführer et assiste aux essais du Zyklon B sur les Juifs. Il ne cesse dès lors d'alerter les représentants des Eglises chrétiennes et des Alliés sur le génocide et tente de rencontrer le nonce du Pape. A la fin de la guerre, il est fait prisonnier par des Français à Rottweil où il rédige son Rapport Gerstein. Transféré à Paris, il est accusé de crimes contre l'Humanité. Il est retrouvé pendu dans sa cellule en juillet 1945. Le doute plane toujours sur son suicide. Son corps fut inhumé à Thiais puis jeté à l'ossuaire. Il a été réhabilité en 1965.
Le Vicaire de Rolf Hochhuth
Amen. est librement inspiré de la pièce Le Vicaire de Rolf Hochhuth. Créée à Berlin dans une mise en scène de Erwin Piscator en 1963, cette oeuvre avait provoqué un scandale en Allemagne et en Italie. Même en France, certains critiques s'offusquèrent des accusations portées contre le Vatican. Jean Vigneron écrivit ainsi dans La Croix : "Je pense que les chrétiens disposent contre le Vicaire d'une seule arme, mais très efficace : l'abstention."
FEVRIER 2002, AMEN, FILM DE COSTA-GAVRAS : LA POLEMIQUE
Le silence de Pie XII pendant l’extermination des juifs
Amen, le film de Costa-Gravas, a suscité une vive polémique lors de sa présentation, en février 2002, au Festival de Berlin. Le film, inspiré de la pièce Le Vicaire, du dramaturge autrichien Rolf Hochhuth, évoque le silence du Vatican – et du pape Pie XII – pendant l'extermination des juifs programmée par Hitler.
C'est l'affiche du film, signée par le photographe italien Oliviero Toscani, où le tracé de la croix gammée se superpose à celui de la croix chrétienne, qui provoque la polémique autant que le film lui-même : la croix des chrétiens fondue dans le même graphisme rouge et noir que la croix gammée, cette svastika dont, dès 1920, Hitler écrivait qu'elle symbolisait la "lutte pour la victoire de l'homme aryen". Les photos des deux personnages principaux du film - un officier nazi et un prêtre catholique, joués par les acteurs Ulrich Tukur et Mathieu Kassovitz – figurent également sur l'affiche.
"On avait déjà vu des keffiehs sur une croix chrétienne dans une conférence palestinienne à Beyrouth. Ou une femme nue lovée contre le sexe du Christ crucifié sur l'affiche du film Larry Flint, traduit en justice en 1996. Mais personne n'avait encore osé associer ainsi le symbole premier de la foi chrétienne et celui du régime le plus monstrueux de l'histoire humaine", écrit Henri Tincq dans Le Monde.
Le cinéaste - réalisateur notamment de Z, sur la dictature en Grèce, L'Aveu sur les régimes totalitaires de l'Est, ou de Missing sur la dictature au Chili) - se défend : "Cette affiche n'a aucun caractère délibérément provocant : elle correspond au problème posé par le film". Et Oliviero Toscani assure avoir fait une image dans le seul but de "raconter une vérité historique, celle d'une Eglise qui a trop longtemps composé avec cette fameuse croix gammée."
Une affiche jugée "inacceptable" par l'épiscopat français
En France, l'affiche a été jugée "inacceptable" par l'épiscopat – une "atteinte à la dignité de tout croyant", a dit son secrétaire général, Stanislas Lalanne. Qualifiant le graphisme de l'affiche de "provocation", le président de la Conférence des évêques, Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, a estimé que cette affiche créait "une identification intolérable du symbole de la foi chrétienne avec celui de la barbarie" et devait être, à ce titre, "dénoncée par tous ceux qui sont attachés à la dignité humaine, à la liberté humaine et au respect des croyances".
Mgr Ricard a cependant souhaité que la diffusion du film soit "l'occasion d'une réflexion historique et d'une prise de conscience renouvelée sur ce problème" et permette l'ouverture d'un débat d'historiens. "Le travail historique du film ouvre le champ des questions : nous souhaiterions que des historiens nous éclairent sur une situation et un personnage plus complexes que ce que montre le film". "Le thème de ce film est l'indifférence [...], et cette indifférence est aussi bien celle de la Société des Nations, que de l'Amérique, du Vatican ou de l'Eglise protestante".
Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, a souligné que le graphisme de l'affiche était "un fauteur de haine". "On risque de voir sur les cimetières, les églises, le graphisme très intelligent de M. Toscani comme un graphisme de haine, de la même façon qu'on trouve des croix gammées sur certaines tombes ou sur les synagogues", a-t-il déclaré. "C'est utiliser la violence, la haine, comme un signe provocateur pour faire vendre un film".
Costa-Gavras : ce n'est pas une attaque contre le Vatican
En Suisse, le théologien Nicolas Betticher, porte-parole de Mgr Genoud, évêque catholique de Fribourg, Lausanne et Genève, a regretté que Costa-Gavras ait associé croix gammée et croix chrétienne. "La croix est ancrée dans notre histoire, a-t-il confié au quotidien suisse Le Matin. Elle figure sur [le drapeau suisse], elle est le symbole de notre solidarité au travers de la Croix-Rouge. Pour des milliers et des milliers de citoyens, elle signifie la vie, la joie, l'espoir, la résurrection. Et ce depuis deux mille ans. En signant son film d'un Amen qui veut dire ainsi soit-il, le réalisateur assume le fait qu'il ramène ce signe d'espoir qu'est devenue la croix au symbole d'horreur et de martyre qu'elle était sous le [régime d'Hitler]. Qu'il ne s'étonne pas dès lors que des croyants réagissent !".
Pour Costa-Gavras, Amen est un "film qui parle de la cohabitation entre les nazis et les Eglises. C'est une vérité historique. […] A aucun moment le film ne dit que l'Eglise a été un complice actif du génocide. Ce n'est pas non plus une attaque contre tous les papes ou le Vatican".
Sources : Le Monde, Paris, 14 et 15 février 2002; Le Matin, Lausanne, 17 février 2002.
Le Vatican a annoncé le15 février 2002 qu'une partie des archives du Saint-Siège, couvrant une période allant de 1922 à 1939, sera accessible à partir de 2003. La totalité de ces documents ne sera, elle, accessible qu'à partir de 2005. Pour les documents allant au-delà de 1939, le Vatican a précisé qu'il faudra attendre "le temps qu'il faudra".
Ces archives, qui concernent notamment les activités du cardinal Eugenio Pacelli, avant qu'il ne soit élu pape en 1939 sous le nom de Pie XII, devraient permettre de mieux connaître l'attitude du cardinal envers les nazis quand il fut nonce apostolique à Munich (1922-25) et à Berlin (1925-29).
Sources : allociné, wikipedia...
Voici un film de Costa Gavras qui pose la question du role de l'eglise durant la seconde guerre mondiale et surtout son silence face à la connaissance de la "solution finale"
Synopsis :
Dans l'Allemagne nazie. Chrétien protestant, bon mari et bon père de famille Kurt Gerstein est recruté pour ses talents de chimiste par les SS, qui le chargent de combattre la vermine et les épidémies de typhus. Il s'acquitte au mieux de sa tâche, supervisant avec zèle la production de gaz Zyklon B. Ce qui ne l'empêche pas de s'émouvoir auprès du nonce de Berlin de l'euthanasie des pensionnaires des asiles. Il fait à l'occasion la connaissance d'un jeune jésuite, Riccardo Fontana, secrétaire du nonce. Un jour, lors d'une tournée d'inspection dans ce qu'il croit être un camp de travail, Gerstein découvre l'innommable : le Zyklon B est l'instrument de la «solution finale» et des milliers de juifs ont déjà été gazés...
Le casting de Amen
Réalisé par :
Costa-Gavras
Scénario de :
Costa-Gavras
Jean-Claude Grumberg
Rolf Hochhuth
Comédiens :
Ulrich Tukur ........................................ Kurt Gerstein
Mathieu Kassovitz ........................................ Riccardo Fontana
Ulrich Mühe ........................................ Docteur
Michel Duchaussoy ........................................ Cardinal
Marcel Iures ........................................ Pape
Ion Caramitru ........................................ Conte Fontana
Friedrich von Thun ........................................ Père de Gerstein
Antje Schmidt ........................................ Mrs. Gerstein
Hanns Zischler ........................................ Grawitz
Sebastian Koch ........................................ Höss
Erich Hallhuber ........................................ Von Rutta
Burkhard Heyl ........................................ Directeur
Angus MacInnes ........................................ Tittman
Bernd Fischerauer ........................................ Bishop Von Gallen
Pierre Franckh ........................................ Pasteur Wehr
Le personnage historique de Kurt Gerstein
Le personnage principal, Kurt Gerstein, interprété par Ulrich Tukur a réellement existé. Ingénieur et médecin évangéliste, il s'oppose aux Nazis dès 1933 bien qu'il ait adhéré au Parti National Socialiste pour des raisons professionnelles. Arrêté deux fois et interné dans un camp de concentration en 1938, il décide de rejoindre les rangs des SS en mars 1941. Grâce à ses compétences techniques et scientifiques, il occupe un poste à l'institut d'hygiène de la Waffen SS et combat efficacement le typhus. Il est nommé Obersturmführer et assiste aux essais du Zyklon B sur les Juifs. Il ne cesse dès lors d'alerter les représentants des Eglises chrétiennes et des Alliés sur le génocide et tente de rencontrer le nonce du Pape. A la fin de la guerre, il est fait prisonnier par des Français à Rottweil où il rédige son Rapport Gerstein. Transféré à Paris, il est accusé de crimes contre l'Humanité. Il est retrouvé pendu dans sa cellule en juillet 1945. Le doute plane toujours sur son suicide. Son corps fut inhumé à Thiais puis jeté à l'ossuaire. Il a été réhabilité en 1965.
Le Vicaire de Rolf Hochhuth
Amen. est librement inspiré de la pièce Le Vicaire de Rolf Hochhuth. Créée à Berlin dans une mise en scène de Erwin Piscator en 1963, cette oeuvre avait provoqué un scandale en Allemagne et en Italie. Même en France, certains critiques s'offusquèrent des accusations portées contre le Vatican. Jean Vigneron écrivit ainsi dans La Croix : "Je pense que les chrétiens disposent contre le Vicaire d'une seule arme, mais très efficace : l'abstention."
FEVRIER 2002, AMEN, FILM DE COSTA-GAVRAS : LA POLEMIQUE
Le silence de Pie XII pendant l’extermination des juifs
Amen, le film de Costa-Gravas, a suscité une vive polémique lors de sa présentation, en février 2002, au Festival de Berlin. Le film, inspiré de la pièce Le Vicaire, du dramaturge autrichien Rolf Hochhuth, évoque le silence du Vatican – et du pape Pie XII – pendant l'extermination des juifs programmée par Hitler.
C'est l'affiche du film, signée par le photographe italien Oliviero Toscani, où le tracé de la croix gammée se superpose à celui de la croix chrétienne, qui provoque la polémique autant que le film lui-même : la croix des chrétiens fondue dans le même graphisme rouge et noir que la croix gammée, cette svastika dont, dès 1920, Hitler écrivait qu'elle symbolisait la "lutte pour la victoire de l'homme aryen". Les photos des deux personnages principaux du film - un officier nazi et un prêtre catholique, joués par les acteurs Ulrich Tukur et Mathieu Kassovitz – figurent également sur l'affiche.
"On avait déjà vu des keffiehs sur une croix chrétienne dans une conférence palestinienne à Beyrouth. Ou une femme nue lovée contre le sexe du Christ crucifié sur l'affiche du film Larry Flint, traduit en justice en 1996. Mais personne n'avait encore osé associer ainsi le symbole premier de la foi chrétienne et celui du régime le plus monstrueux de l'histoire humaine", écrit Henri Tincq dans Le Monde.
Le cinéaste - réalisateur notamment de Z, sur la dictature en Grèce, L'Aveu sur les régimes totalitaires de l'Est, ou de Missing sur la dictature au Chili) - se défend : "Cette affiche n'a aucun caractère délibérément provocant : elle correspond au problème posé par le film". Et Oliviero Toscani assure avoir fait une image dans le seul but de "raconter une vérité historique, celle d'une Eglise qui a trop longtemps composé avec cette fameuse croix gammée."
Une affiche jugée "inacceptable" par l'épiscopat français
En France, l'affiche a été jugée "inacceptable" par l'épiscopat – une "atteinte à la dignité de tout croyant", a dit son secrétaire général, Stanislas Lalanne. Qualifiant le graphisme de l'affiche de "provocation", le président de la Conférence des évêques, Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux, a estimé que cette affiche créait "une identification intolérable du symbole de la foi chrétienne avec celui de la barbarie" et devait être, à ce titre, "dénoncée par tous ceux qui sont attachés à la dignité humaine, à la liberté humaine et au respect des croyances".
Mgr Ricard a cependant souhaité que la diffusion du film soit "l'occasion d'une réflexion historique et d'une prise de conscience renouvelée sur ce problème" et permette l'ouverture d'un débat d'historiens. "Le travail historique du film ouvre le champ des questions : nous souhaiterions que des historiens nous éclairent sur une situation et un personnage plus complexes que ce que montre le film". "Le thème de ce film est l'indifférence [...], et cette indifférence est aussi bien celle de la Société des Nations, que de l'Amérique, du Vatican ou de l'Eglise protestante".
Le cardinal Jean-Marie Lustiger, archevêque de Paris, a souligné que le graphisme de l'affiche était "un fauteur de haine". "On risque de voir sur les cimetières, les églises, le graphisme très intelligent de M. Toscani comme un graphisme de haine, de la même façon qu'on trouve des croix gammées sur certaines tombes ou sur les synagogues", a-t-il déclaré. "C'est utiliser la violence, la haine, comme un signe provocateur pour faire vendre un film".
Costa-Gavras : ce n'est pas une attaque contre le Vatican
En Suisse, le théologien Nicolas Betticher, porte-parole de Mgr Genoud, évêque catholique de Fribourg, Lausanne et Genève, a regretté que Costa-Gavras ait associé croix gammée et croix chrétienne. "La croix est ancrée dans notre histoire, a-t-il confié au quotidien suisse Le Matin. Elle figure sur [le drapeau suisse], elle est le symbole de notre solidarité au travers de la Croix-Rouge. Pour des milliers et des milliers de citoyens, elle signifie la vie, la joie, l'espoir, la résurrection. Et ce depuis deux mille ans. En signant son film d'un Amen qui veut dire ainsi soit-il, le réalisateur assume le fait qu'il ramène ce signe d'espoir qu'est devenue la croix au symbole d'horreur et de martyre qu'elle était sous le [régime d'Hitler]. Qu'il ne s'étonne pas dès lors que des croyants réagissent !".
Pour Costa-Gavras, Amen est un "film qui parle de la cohabitation entre les nazis et les Eglises. C'est une vérité historique. […] A aucun moment le film ne dit que l'Eglise a été un complice actif du génocide. Ce n'est pas non plus une attaque contre tous les papes ou le Vatican".
Sources : Le Monde, Paris, 14 et 15 février 2002; Le Matin, Lausanne, 17 février 2002.
Le Vatican a annoncé le15 février 2002 qu'une partie des archives du Saint-Siège, couvrant une période allant de 1922 à 1939, sera accessible à partir de 2003. La totalité de ces documents ne sera, elle, accessible qu'à partir de 2005. Pour les documents allant au-delà de 1939, le Vatican a précisé qu'il faudra attendre "le temps qu'il faudra".
Ces archives, qui concernent notamment les activités du cardinal Eugenio Pacelli, avant qu'il ne soit élu pape en 1939 sous le nom de Pie XII, devraient permettre de mieux connaître l'attitude du cardinal envers les nazis quand il fut nonce apostolique à Munich (1922-25) et à Berlin (1925-29).
Sources : allociné, wikipedia...