Marchandage du corps.. Jusqu'où la banalisation ira-t-elle ?
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Marchandage du corps.. Jusqu'où la banalisation ira-t-elle ?
Certains propriétaires profitent de la crise et, contre un logement, proposent un nouveau type de troc. «Libération» a testé quelques annonces sur Paris.
ELHAME MEDJAHED ET ONDINE MILLOT
QUOTIDIEN : mercredi 6 février 2008
"Loue studette contre pipe"
Il a rappelé une heure avant pour s’assurer que nous serions bien au rendez-vous, a ouvert la porte de son appartement en souriant, a offert un verre au salon, puis s’est assis, le sourire toujours aux lèvres et les yeux vissés sur nous. Antoine (1), 47 ans, haut fonctionnaire, est bavard et disert sur la «colocation» qu’il propose. «Confort», «calme», «indépendance»… «C’est un quartier agréable. Et vous aurez votre chambre.» Mais ce dont Antoine aimerait surtout parler, c’est des contreparties qu’il attend de sa colocataire. «Se promener nue le plus souvent possible. Ecarter les jambes sur le canapé pour m’exciter. Pas de contrainte de fréquence pour les rapports sexuels, mais faudra pas se foutre de ma gueule non plus. Au début, je risque d’avoir envie souvent.» Voilà environ deux ans qu’Antoine recrute ainsi des colocataires, via une annonce sur le site Internet Missive, à laquelle nous avons répondu. Pas de loyer numéraire, on paye en nature. Pas de bail non plus, «tout est basé sur la confiance». Quant à la durée, «pas de limites». «Ça peut être en mois, en années. Les seules filles que j’ai virées sont celles qui ne respectaient pas leurs engagements.»
Antoine n’est pas le seul à pratiquer ce type d’échange - appartement contre sexe - à Paris. Dans un contexte de crise du logement, la formule semble s’être répandue. Sur Missive, la rubrique parisienne «A louer» recense de nombreuses offres d’hommes proposant des colocations ou studios indépendants «contre services sexuels».Mais également de femmes, troquant leurs charmes contre un toit. Ailleurs, sur Kijiji, Vivastreet ou dans le journal gratuit Paris Paname, on trouve aussi des annonces, plus masquées. Le mot sexe n’apparaît pas, ce sont les mentions «pour jeune femme», «contre services» et l’absence de montant pour le loyer qui servent d’indices.
Exigences. Antoine est lucide sur les motivations de ses colocataires. «Je sais bien que si vous aviez les moyens de vous loger autrement, vous ne viendriez pas chez moi.» Ce qui n’entraîne aucun scrupule quant à ses exigences, dont la liste s’allonge au fil de l’entretien. «Je veux pouvoir vous observer aux toilettes. J’aimerais que vous soyez là le soir quand je rentre. Ce serait bien si on pouvait dormir ensemble. Je veux du ménage et du repassage.» On quitte Antoine en pleine description des jeux «uro-scato» dans lesquels il nous imagine. Pour rejoindre notre deuxième rendez-vous.
Dans cette rue sombre proche de la gare Saint-Lazare, l’homme attend au bas de l’immeuble, silhouette courbée rasant les murs. L’adresse qu’il nous a donnée au téléphone n’est pas la bonne. Il nous entraîne un peu plus loin, dans une arrière-cour, puis dans un petit ascenseur sans lumière. Au sixième étage, on débouche dans une chambre d’à peine dix mètres carrés : un néon verdâtre, un vieux lit en mezzanine et une douche en plastique crasseuse. «Voilà, dit Amar. 650 euros, à négocier si arrangement.»
Enervement.La formule est la même que dans l’annonce postée sur Missive. On demande des précisions. «450 eurosplus deux week-ends de sexe par mois», répond-il. Amar habite en banlieue : les «week-ends de sexe» peuvent avoir lieu ici ou chez lui, dans les Yvelines. «Je peux faire un bail, mais il va falloir être très gentilles.» Amar a fermé la porte, et reste debout, appuyé contre la poignée. Son ton devient agressif : «C’est une bonne offre, les agences demandent 850 euros plus une caution pour ça.» «C’est pas une arnaque», répète-t-il de plus en plus énervé et menaçant. Nous demandons à visiter les toilettes sur le palier. Et prenons précipitamment congé.
De tous les hommes contactés, Laurent, 32 ans, est le seul à manifester une certaine timidité. Dans son studio propret du XVe arrondissement, il parle de tout, du temps qu’il fait, et surtout pas de l’annonce qu’il a passée. «J’ai connu Missive par leur rubrique de rencontres SM, se lance-t-il enfin. Je n’aurais jamais eu l’idée de proposer un hébergement contre du SM si je n’avais pas découvert là que ça se faisait.» Documentaliste, Laurent est un beau jeune homme svelte, les épaules carrées, le visage doux. «Ce que j’aime, confie-t-il,c’est être attaché. Servir à table en soubrette. Lécher des bottes en me prosternant.» Laurent propose de partager son modeste clic-clac en échange de quelques séances de ce type. «Je ne demande pas de relations sexuelles classiques. L’idée, c’est que ça reste cool. La fille a la clé, elle mène sa vie, mais juste, de temps en temps, elle me dit : "Fais ça." Ou moi, spontanément, je m’y mets, je lui sers de chaise, de repose-pieds.» Laurent a déjà eu deux expériences de colocation qui se sont «très bien passées». «Peut-être que les filles sont poussées à ça par leurs difficultés, admet-il. Mais, au final, chacun y trouve son compte.»
C’est aussi le credo de Julien, 30 ans, qui parle d’«échange de bons procédés». Agent de sécurité, il héberge régulièrement «des filles» dans son joli deux-pièces de l’Ouest parisien. «Ce sont souvent des escorts, qui viennent de province se faire un peu de fric à Paris. Je les reçois pour un mois ou deux, rarement plus, parce qu’après on se lasse.» Plutôt distant, Julien explique qu’il ne demande pas d’argent mais «du sexe classique» et «pas de prise de tête, parce qu’[il a] déjà eu des filles qui [lui] ont mis le bordel». Ses «colocataires» disposent du canapé-lit du salon, tandis qu’il dort dans sa chambre. Peu de temps après notre visite, il envoie un texto : «Désolé, ça va pas le faire.»
Didier, au contraire, est «très, très motivé», comme il le répète dans ses nombreux messages. Il nous propose un deux-pièces dans le XVIIIe contre «550 euros, plus deux trois rencontres par mois». Il habite ailleurs avec femme et enfants, mais peut se «débrouiller» pour nous rejoindre les week-ends. Malheureusement, l’appartement n’est «pas encore» visitable. «J’attends le départ des locataires», nous explique-t-il lorsque nous le rencontrons à la terrasse d’un café. En attendant, il propose de «commencer» déjà le sexe. «Pour voir si on se plaît».
Sur Missive, plusieurs messages d’internautes mettent en garde contre ces «tests» préalables. «Ça m’est arrivé trois fois, raconte Lætitia, 26 ans. Les types te font visiter, te demandent de coucher immédiatement. Et ensuite, plus de nouvelles. Parfois, c’est même pas leur appart qu’ils t’ont montré. Ils ont pris les clés d’un copain.» Il y a six mois, Lætitia a décidé de passer sa propre annonce «pour avoir le choix». Elle a depuis reçu quelques propositions «intéressantes». «Mais quoi qu’il arrive, prévient-elle, il faut rester méfiante.»
Pierre Allain, le webmaster de Missive, reprend le même appel à la «prudence», sans pour autant censurer «ce qui relève d’un échange entre adultes consentants». «Il y a là parfois des hommes qui profitent de la détresse de jeunes femmes. Nous mettons en garde nos internautes. Mais nous ne pouvons pas faire une enquête pour chaque annonce.» Missive est hébergé en Suisse, comme la plupart des sites francophones proposant les services de prostituées ou escorts. «La Suisse a une législation plus permissive que la France, reconnaît Pierre Allain. Reste que, même en France, un homme a le droit de proposer un logement contre des services sexuels.»
«Habileté». «Cela s’apparente à de la prostitution, ce qui n’est pas interdit, nous confirme une source policière. Seul le site Internet qui héberge les annonces peut être poursuivi pour proxénétisme s’il est en France. Mais ce genre de poursuites aboutit rarement.» Hors Missive, pourtant, la plupart des sites et journaux d’annonces concernés expliquent qu’ils font tout pour «supprimer» ces annonces. «On en voit apparaître dans la rubrique "Colocation", on les transfère immédiatement dans celle des rencontres érotiques», dit Virginie Pons, responsable de la communication chez Vivastreet. «Nous n’acceptons pas ces annonces chez nous», affirment quant à eux Benjamin Glaenzer, directeur général de Kijiji France, et Bernard Saulnier, le patron de Paris Paname. Tous deux notent cependant «l’habileté» des annonceurs pour déjouer leurs contrôles.
Stéphanie a 38 ans, elle est «escort occasionnelle». Contactée via le tchat de Missive, elle déconseille formellement le troc «appart contre sexe». «J’ai une amie qui a fait ça. Elle s’est retrouvée à la rue du jour au lendemain. Tu deviens dépendante d’un type qui risque de t’en demander toujours plus, en menaçant de te jeter si tu refuses. Sincèrement, il vaut mieux se prostituer pour payer son loyer : tu restes libre.» Sur le même tchat, puis par téléphone, on discute avec Tina, 35 ans, qui, elle, profite depuis quatre ans d’un logement contre «services sexuels» dont elle se dit ravie. «Il ne faut pas choisir un homme jeune, car il ne te gardera pas longtemps, il aura envie de changement, conseille-t-elle. Le mien, il a 62 ans. Je l’ai rencontré sur les Champs-Elysées. Il vit à Dubaï et vient en France de temps en temps. Sinon, je suis seule dans l’appart, 115 mètres carrés dans le XVIe arrondissement.»
«A la porte». Zara, 23 ans, étudiante, n’est pas aussi bien tombée. Elle accepte de nous rencontrer dans un café parisien, «pour parler de ces types qui profitent des filles paumées». Il y a trois ans, Zara a passé une annonce dans Paris Paname : «Jeune fille cherche logement contre services.» «Je pensais ménage, repassage, baby-sitting, dit-elle. J’ai eu des dizaines de réponses. Que des hommes. Qui voulaient tous du cul.» Originaire du sud de la France, Zara ne veut pas détailler les raisons qui l’ont poussée à quitter sa famille. «Je n’avais pas le choix.» Elle a fini par accepter une colocation avec un homme, puis une autre. «Deux fois, je me suis retrouvée à la porte, sans nulle part où aller, parce que je ne voulais pas faire ce qu’ils me demandaient. Ces mecs-là ont besoin de sentir qu’ils exercent un pouvoir sur toi. Ils t’en veulent de savoir que si tu n’étais pas dans la merde, tu ne les aurais jamais regardés.»
Aujourd’hui, Zara a un travail, un appartement. Heureuse et soulagée que ces mois de «galère» soient derrière. «Tandis qu’eux, ajoute-t-elle quand même amère, dans dix ans, ils en seront toujours au même point. A passer et repasser leur annonce pour trouver des filles.»
(1) Les prénoms ont été changés.
http://www.liberation.fr/transversales/ ... 288.FR.php
© Libération
ELHAME MEDJAHED ET ONDINE MILLOT
QUOTIDIEN : mercredi 6 février 2008
"Loue studette contre pipe"
Il a rappelé une heure avant pour s’assurer que nous serions bien au rendez-vous, a ouvert la porte de son appartement en souriant, a offert un verre au salon, puis s’est assis, le sourire toujours aux lèvres et les yeux vissés sur nous. Antoine (1), 47 ans, haut fonctionnaire, est bavard et disert sur la «colocation» qu’il propose. «Confort», «calme», «indépendance»… «C’est un quartier agréable. Et vous aurez votre chambre.» Mais ce dont Antoine aimerait surtout parler, c’est des contreparties qu’il attend de sa colocataire. «Se promener nue le plus souvent possible. Ecarter les jambes sur le canapé pour m’exciter. Pas de contrainte de fréquence pour les rapports sexuels, mais faudra pas se foutre de ma gueule non plus. Au début, je risque d’avoir envie souvent.» Voilà environ deux ans qu’Antoine recrute ainsi des colocataires, via une annonce sur le site Internet Missive, à laquelle nous avons répondu. Pas de loyer numéraire, on paye en nature. Pas de bail non plus, «tout est basé sur la confiance». Quant à la durée, «pas de limites». «Ça peut être en mois, en années. Les seules filles que j’ai virées sont celles qui ne respectaient pas leurs engagements.»
Antoine n’est pas le seul à pratiquer ce type d’échange - appartement contre sexe - à Paris. Dans un contexte de crise du logement, la formule semble s’être répandue. Sur Missive, la rubrique parisienne «A louer» recense de nombreuses offres d’hommes proposant des colocations ou studios indépendants «contre services sexuels».Mais également de femmes, troquant leurs charmes contre un toit. Ailleurs, sur Kijiji, Vivastreet ou dans le journal gratuit Paris Paname, on trouve aussi des annonces, plus masquées. Le mot sexe n’apparaît pas, ce sont les mentions «pour jeune femme», «contre services» et l’absence de montant pour le loyer qui servent d’indices.
Exigences. Antoine est lucide sur les motivations de ses colocataires. «Je sais bien que si vous aviez les moyens de vous loger autrement, vous ne viendriez pas chez moi.» Ce qui n’entraîne aucun scrupule quant à ses exigences, dont la liste s’allonge au fil de l’entretien. «Je veux pouvoir vous observer aux toilettes. J’aimerais que vous soyez là le soir quand je rentre. Ce serait bien si on pouvait dormir ensemble. Je veux du ménage et du repassage.» On quitte Antoine en pleine description des jeux «uro-scato» dans lesquels il nous imagine. Pour rejoindre notre deuxième rendez-vous.
Dans cette rue sombre proche de la gare Saint-Lazare, l’homme attend au bas de l’immeuble, silhouette courbée rasant les murs. L’adresse qu’il nous a donnée au téléphone n’est pas la bonne. Il nous entraîne un peu plus loin, dans une arrière-cour, puis dans un petit ascenseur sans lumière. Au sixième étage, on débouche dans une chambre d’à peine dix mètres carrés : un néon verdâtre, un vieux lit en mezzanine et une douche en plastique crasseuse. «Voilà, dit Amar. 650 euros, à négocier si arrangement.»
Enervement.La formule est la même que dans l’annonce postée sur Missive. On demande des précisions. «450 eurosplus deux week-ends de sexe par mois», répond-il. Amar habite en banlieue : les «week-ends de sexe» peuvent avoir lieu ici ou chez lui, dans les Yvelines. «Je peux faire un bail, mais il va falloir être très gentilles.» Amar a fermé la porte, et reste debout, appuyé contre la poignée. Son ton devient agressif : «C’est une bonne offre, les agences demandent 850 euros plus une caution pour ça.» «C’est pas une arnaque», répète-t-il de plus en plus énervé et menaçant. Nous demandons à visiter les toilettes sur le palier. Et prenons précipitamment congé.
De tous les hommes contactés, Laurent, 32 ans, est le seul à manifester une certaine timidité. Dans son studio propret du XVe arrondissement, il parle de tout, du temps qu’il fait, et surtout pas de l’annonce qu’il a passée. «J’ai connu Missive par leur rubrique de rencontres SM, se lance-t-il enfin. Je n’aurais jamais eu l’idée de proposer un hébergement contre du SM si je n’avais pas découvert là que ça se faisait.» Documentaliste, Laurent est un beau jeune homme svelte, les épaules carrées, le visage doux. «Ce que j’aime, confie-t-il,c’est être attaché. Servir à table en soubrette. Lécher des bottes en me prosternant.» Laurent propose de partager son modeste clic-clac en échange de quelques séances de ce type. «Je ne demande pas de relations sexuelles classiques. L’idée, c’est que ça reste cool. La fille a la clé, elle mène sa vie, mais juste, de temps en temps, elle me dit : "Fais ça." Ou moi, spontanément, je m’y mets, je lui sers de chaise, de repose-pieds.» Laurent a déjà eu deux expériences de colocation qui se sont «très bien passées». «Peut-être que les filles sont poussées à ça par leurs difficultés, admet-il. Mais, au final, chacun y trouve son compte.»
C’est aussi le credo de Julien, 30 ans, qui parle d’«échange de bons procédés». Agent de sécurité, il héberge régulièrement «des filles» dans son joli deux-pièces de l’Ouest parisien. «Ce sont souvent des escorts, qui viennent de province se faire un peu de fric à Paris. Je les reçois pour un mois ou deux, rarement plus, parce qu’après on se lasse.» Plutôt distant, Julien explique qu’il ne demande pas d’argent mais «du sexe classique» et «pas de prise de tête, parce qu’[il a] déjà eu des filles qui [lui] ont mis le bordel». Ses «colocataires» disposent du canapé-lit du salon, tandis qu’il dort dans sa chambre. Peu de temps après notre visite, il envoie un texto : «Désolé, ça va pas le faire.»
Didier, au contraire, est «très, très motivé», comme il le répète dans ses nombreux messages. Il nous propose un deux-pièces dans le XVIIIe contre «550 euros, plus deux trois rencontres par mois». Il habite ailleurs avec femme et enfants, mais peut se «débrouiller» pour nous rejoindre les week-ends. Malheureusement, l’appartement n’est «pas encore» visitable. «J’attends le départ des locataires», nous explique-t-il lorsque nous le rencontrons à la terrasse d’un café. En attendant, il propose de «commencer» déjà le sexe. «Pour voir si on se plaît».
Sur Missive, plusieurs messages d’internautes mettent en garde contre ces «tests» préalables. «Ça m’est arrivé trois fois, raconte Lætitia, 26 ans. Les types te font visiter, te demandent de coucher immédiatement. Et ensuite, plus de nouvelles. Parfois, c’est même pas leur appart qu’ils t’ont montré. Ils ont pris les clés d’un copain.» Il y a six mois, Lætitia a décidé de passer sa propre annonce «pour avoir le choix». Elle a depuis reçu quelques propositions «intéressantes». «Mais quoi qu’il arrive, prévient-elle, il faut rester méfiante.»
Pierre Allain, le webmaster de Missive, reprend le même appel à la «prudence», sans pour autant censurer «ce qui relève d’un échange entre adultes consentants». «Il y a là parfois des hommes qui profitent de la détresse de jeunes femmes. Nous mettons en garde nos internautes. Mais nous ne pouvons pas faire une enquête pour chaque annonce.» Missive est hébergé en Suisse, comme la plupart des sites francophones proposant les services de prostituées ou escorts. «La Suisse a une législation plus permissive que la France, reconnaît Pierre Allain. Reste que, même en France, un homme a le droit de proposer un logement contre des services sexuels.»
«Habileté». «Cela s’apparente à de la prostitution, ce qui n’est pas interdit, nous confirme une source policière. Seul le site Internet qui héberge les annonces peut être poursuivi pour proxénétisme s’il est en France. Mais ce genre de poursuites aboutit rarement.» Hors Missive, pourtant, la plupart des sites et journaux d’annonces concernés expliquent qu’ils font tout pour «supprimer» ces annonces. «On en voit apparaître dans la rubrique "Colocation", on les transfère immédiatement dans celle des rencontres érotiques», dit Virginie Pons, responsable de la communication chez Vivastreet. «Nous n’acceptons pas ces annonces chez nous», affirment quant à eux Benjamin Glaenzer, directeur général de Kijiji France, et Bernard Saulnier, le patron de Paris Paname. Tous deux notent cependant «l’habileté» des annonceurs pour déjouer leurs contrôles.
Stéphanie a 38 ans, elle est «escort occasionnelle». Contactée via le tchat de Missive, elle déconseille formellement le troc «appart contre sexe». «J’ai une amie qui a fait ça. Elle s’est retrouvée à la rue du jour au lendemain. Tu deviens dépendante d’un type qui risque de t’en demander toujours plus, en menaçant de te jeter si tu refuses. Sincèrement, il vaut mieux se prostituer pour payer son loyer : tu restes libre.» Sur le même tchat, puis par téléphone, on discute avec Tina, 35 ans, qui, elle, profite depuis quatre ans d’un logement contre «services sexuels» dont elle se dit ravie. «Il ne faut pas choisir un homme jeune, car il ne te gardera pas longtemps, il aura envie de changement, conseille-t-elle. Le mien, il a 62 ans. Je l’ai rencontré sur les Champs-Elysées. Il vit à Dubaï et vient en France de temps en temps. Sinon, je suis seule dans l’appart, 115 mètres carrés dans le XVIe arrondissement.»
«A la porte». Zara, 23 ans, étudiante, n’est pas aussi bien tombée. Elle accepte de nous rencontrer dans un café parisien, «pour parler de ces types qui profitent des filles paumées». Il y a trois ans, Zara a passé une annonce dans Paris Paname : «Jeune fille cherche logement contre services.» «Je pensais ménage, repassage, baby-sitting, dit-elle. J’ai eu des dizaines de réponses. Que des hommes. Qui voulaient tous du cul.» Originaire du sud de la France, Zara ne veut pas détailler les raisons qui l’ont poussée à quitter sa famille. «Je n’avais pas le choix.» Elle a fini par accepter une colocation avec un homme, puis une autre. «Deux fois, je me suis retrouvée à la porte, sans nulle part où aller, parce que je ne voulais pas faire ce qu’ils me demandaient. Ces mecs-là ont besoin de sentir qu’ils exercent un pouvoir sur toi. Ils t’en veulent de savoir que si tu n’étais pas dans la merde, tu ne les aurais jamais regardés.»
Aujourd’hui, Zara a un travail, un appartement. Heureuse et soulagée que ces mois de «galère» soient derrière. «Tandis qu’eux, ajoute-t-elle quand même amère, dans dix ans, ils en seront toujours au même point. A passer et repasser leur annonce pour trouver des filles.»
(1) Les prénoms ont été changés.
http://www.liberation.fr/transversales/ ... 288.FR.php
© Libération
Thaam a écrit :Espèce de croquette de poisson congelée !
que dire...
finallement je ne suis pas surpris
finallement je ne suis pas surpris
Rufflion Sound - Reggae addict
“whenever I start feeling sad cuz I miss you I remind myself how lucky I am to have someone so special to miss.”
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- shootagain
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Zebulon a écrit :Ca ne me choque pas. On vit dans une société ou c'est l'argent qui domine. Je ne vois pas pourquoi il y aurait des limites. La Morale n'est plus ce qu'elle était. Il y a offre et demande. Bienvenue dans le monde capitaliste.
Et la responsabilité individuelle là dedans ?
Ces mecs ont fait un choix. Ils auraient très bien pu trouver des collocataires en baissant simplement leur loyer.
Ils ont choisi d'agir comme çà, ce sont des pauvres types et la société n'a rien à voir là dedans.
It's not a game that can be won, only played.
C'est bien là le problème.
Lorsque je suis tombée sur cet article, je me suis aperçue que ça ne me choquait pas plus que ça ne me surprenait, d'où l'utilisation du terme "banalisation" dans le sujet. Alors, certes, le monde dans lequel nous évoluons fonctionne de part l'équilibre de l'offre et là demande et je ne remets pas fondamentalement en cause cela. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de me demander jusqu'où cela ira.
Je ne suis pas là en tant que moralisatrice, je ne suis pas là pour pointer du doigt certaines personnes en clamant "bouuh ça n'est pas bien !" L'homme a voulu se délivrer des tutelles qui pouvaient être exercées sur lui, se considérant maître de ses choix, maître de son destin, estimant que la morale ne devait pas interférer avec ces actions. C'est très bien, j'aime vraiment beaucoup cet aspect de choix comme celui de libre arbitre et ces notions m'apparaissent comme fondamentales, primordiales même. Mais à quel prix ?
Si cet article nous surprenait outre mesure alors ne serions-nous pas un peu naïf quant à la nature humaine actuelle ? Et c'est cela qui est triste au final ... Aussi, ce n'est pas tant le fait de vivre dans une société capitaliste que le fait de vivre dans une société qui est, aujourd'hui, tout simplement, désillusionnée.
Lorsque je suis tombée sur cet article, je me suis aperçue que ça ne me choquait pas plus que ça ne me surprenait, d'où l'utilisation du terme "banalisation" dans le sujet. Alors, certes, le monde dans lequel nous évoluons fonctionne de part l'équilibre de l'offre et là demande et je ne remets pas fondamentalement en cause cela. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de me demander jusqu'où cela ira.
Je ne suis pas là en tant que moralisatrice, je ne suis pas là pour pointer du doigt certaines personnes en clamant "bouuh ça n'est pas bien !" L'homme a voulu se délivrer des tutelles qui pouvaient être exercées sur lui, se considérant maître de ses choix, maître de son destin, estimant que la morale ne devait pas interférer avec ces actions. C'est très bien, j'aime vraiment beaucoup cet aspect de choix comme celui de libre arbitre et ces notions m'apparaissent comme fondamentales, primordiales même. Mais à quel prix ?
Si cet article nous surprenait outre mesure alors ne serions-nous pas un peu naïf quant à la nature humaine actuelle ? Et c'est cela qui est triste au final ... Aussi, ce n'est pas tant le fait de vivre dans une société capitaliste que le fait de vivre dans une société qui est, aujourd'hui, tout simplement, désillusionnée.
Thaam a écrit :Espèce de croquette de poisson congelée !
- brioitxavier
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zelyh a écrit :C'est bien là le problème.
Lorsque je suis tombée sur cet article, je me suis aperçue que ça ne me choquait pas plus que ça ne me surprenait, d'où l'utilisation du terme "banalisation" dans le sujet. Alors, certes, le monde dans lequel nous évoluons fonctionne de part l'équilibre de l'offre et là demande et je ne remets pas fondamentalement en cause cela. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de me demander jusqu'où cela ira.
Je ne suis pas là en tant que moralisatrice, je ne suis pas là pour pointer du doigt certaines personnes en clamant "bouuh ça n'est pas bien !" L'homme a voulu se délivrer des tutelles qui pouvaient être exercées sur lui, se considérant maître de ses choix, maître de son destin, estimant que la morale ne devait pas interférer avec ces actions. C'est très bien, j'aime vraiment beaucoup cet aspect de choix comme celui de libre arbitre et ces notions m'apparaissent comme fondamentales, primordiales même. Mais à quel prix ?
Si cet article nous surprenait outre mesure alors ne serions-nous pas un peu naïf quant à la nature humaine actuelle ? Et c'est cela qui est triste au final ... Aussi, ce n'est pas tant le fait de vivre dans une société capitaliste que le fait de vivre dans une société qui est, aujourd'hui, tout simplement, désillusionnée.
Même si on ne s'étonne plus de rien aujourd'hui, faut quand même garder en tête que "tout cela" ne représente que quelques pauvres mecs, et surtout se garder de généraliser, car la grosse majorité de ceux qui liront un tel article, sera au fond d'elle même scandalisée.
Regarder cela d'un oeil extérieur, à une époque où tout est banalisé, et ou on pointe sans cesse des comportements malhonnêtes à la téloche, non plus pour les dénoncer, mais pour (presque parfois) en faire des exemples (suffit de se gaver des émissions sur TF1 ou M6 genre "le droit de savoir" ou autre connerie du même acabit pour s'en convaincre), il ne faut pas s'étonner qu'un tel sujet ne sollicite pas plus de réactions.
Aujourd'hui, les gens se disent "bah ils font ce qu'ils veulent", mais faut surtout pas que ça se produise avec leur gamine en même temps. Toujours la même histoire... L'individualisme. L'égoïsme... C'est cela que la société actuelle prône ! C'est cela qu'elle inculque au travers des médias, au travers de sa politique. Et faut bien avouer que ça marche.
On ne se sent "pas concerné" et donc on ne s'en offusque plus. Jusqu'au jour où...
Comme disait Pierre Bourdieu, il existe un postulat en sociologie, qui dit qu'un individu trouvera la société qui l'entoure normale et adéquate, tant que tout ira bien pour lui. Pas (plus) la peine de regarder autour de soi, ça pourrait juste nous montrer le contraire, et on en a pas réellement envie.
Je rejoins totalement l'opinion de Julien ici... Auquel je plussoie avec joie !
- BrotherBosco
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- Inscription : Jeudi 15 Septembre 2005 13:34
hellboychess a écrit :zelyh a écrit :C'est bien là le problème.
Lorsque je suis tombée sur cet article, je me suis aperçue que ça ne me choquait pas plus que ça ne me surprenait, d'où l'utilisation du terme "banalisation" dans le sujet. Alors, certes, le monde dans lequel nous évoluons fonctionne de part l'équilibre de l'offre et là demande et je ne remets pas fondamentalement en cause cela. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de me demander jusqu'où cela ira.
Je ne suis pas là en tant que moralisatrice, je ne suis pas là pour pointer du doigt certaines personnes en clamant "bouuh ça n'est pas bien !" L'homme a voulu se délivrer des tutelles qui pouvaient être exercées sur lui, se considérant maître de ses choix, maître de son destin, estimant que la morale ne devait pas interférer avec ces actions. C'est très bien, j'aime vraiment beaucoup cet aspect de choix comme celui de libre arbitre et ces notions m'apparaissent comme fondamentales, primordiales même. Mais à quel prix ?
Si cet article nous surprenait outre mesure alors ne serions-nous pas un peu naïf quant à la nature humaine actuelle ? Et c'est cela qui est triste au final ... Aussi, ce n'est pas tant le fait de vivre dans une société capitaliste que le fait de vivre dans une société qui est, aujourd'hui, tout simplement, désillusionnée.
Même si on ne s'étonne plus de rien aujourd'hui, faut quand même garder en tête que "tout cela" ne représente que quelques pauvres mecs, et surtout se garder de généraliser, car la grosse majorité de ceux qui liront un tel article, sera au fond d'elle même scandalisée.
Regarder cela d'un oeil extérieur, à une époque où tout est banalisé, et ou on pointe sans cesse des comportements malhonnêtes à la téloche, non plus pour les dénoncer, mais pour (presque parfois) en faire des exemples (suffit de se gaver des émissions sur TF1 ou M6 genre "le droit de savoir" ou autre connerie du même acabit pour s'en convaincre), il ne faut pas s'étonner qu'un tel sujet ne sollicite pas plus de réactions.
Aujourd'hui, les gens se disent "bah ils font ce qu'ils veulent", mais faut surtout pas que ça se produise avec leur gamine en même temps. Toujours la même histoire... L'individualisme. L'égoïsme... C'est cela que la société actuelle prône ! C'est cela qu'elle inculque au travers des médias, au travers de sa politique. Et faut bien avouer que ça marche.
On ne se sent "pas concerné" et donc on ne s'en offusque plus. Jusqu'au jour où...
Comme disait Pierre Bourdieu, il existe un postulat en sociologie, qui dit qu'un individu trouvera la société qui l'entoure normale et adéquate, tant que tout ira bien pour lui. Pas (plus) la peine de regarder autour de soi, ça pourrait juste nous montrer le contraire, et on en a pas réellement envie.
Je rejoins totalement l'opinion de Julien ici... Auquel je plussoie avec joie !
Tu t'éloignes de sujèt initiale là.... alors qui veut bien s'occuper de Roimage? option de Klem?
- hellboychess
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